À quelques jours du soixantième anniversaire du transfert des cendres du maréchal LYAUTEY de Rabat (Maroc) aux Invalides (Paris), le 26 avril 1961, retour occulté par le « Putsch des généraux » à Alger, je ressors de mes archives, un exemplaire de « Le Petit Journal, supplément illustré » du dimanche 13 octobre 1912.
Ce journal numéro 1143 relate, à la Une, la visite rendue par le général Lyautey à Marrakech… en auto-mitrailleuse.
Voici, ci-dessous, la transcription de l’article en « texte » :
LE GÉNÉRAL LYAUTEY S'EST RENDU A MARRAKECH EN AUTO-MITRAILLEUSE
La déroute du prétendant El Hibba a définitivement assuré le prestige de nos armes à Marrakech. La vielle cité marocaine est maintenant conquise à l'influence française. Le sultan Moulay Youssef y a été proclamé et y viendra prochainement.
Quant au général Lyautey, il est parti de Rabat le 28 Septembre pour s'y rendre. Et c'est en auto-mitrailleuse qu'il a fait tout le voyage sous les yeux étonnés des cavaliers du désert. Il est arrivé à Marrakech le 2 octobre. La garnison, la population indigène et les grands caïds lui ont fait le plus chaleureux accueil.
La grande ville du Sud est absolument calme et les routes qui y mènent sont sûres.
Les convois de ravitaillement y arrivent sans encombre. Cet heureux résultat est dû à l'énergie des décisions prises par le résident général et à la façon foudroyante dont elles furent exécutées par le colonel Mangin et ses soldats.
« Le Petit Journal Supplément illustré du 13 octobre 1912 n° 1143 »
~~~~~~~~~~
Jean-François Clément raconte, dans « Lyautey à Marrakech » (1994).
« Lyautey vint pour la première fois à Marrakech juste après l'affrontement entre le colonel Mangin et el-Hiba à Sidi Bou Othman. L'entrée solennelle se fit par la porte des Doukkala comme le montre le tableau de Duvent. Une grande parade fut ensuite organisée sur la place Jama' el-Fna en septembre 1912. Lyautey s'y montra sur un pur-sang alezan. Il était revêtu d'une pelisse noire à brandebourgs et coiffé d'un képi rouge et or. […] »
~~~~~~~~~~
Melchior Burin des Roziers, dans « Le Marrakech du Maréchal Lyautey » nous apprend que :
« De 1912 à 1925, Louis Hubert Gonzalve Lyautey est 1er résident général sous le Protectorat français au Maroc.
Chef charismatique et grand meneur d’hommes, Lyautey doit affronter ses premiers problèmes territoriaux à son arrivée au Maroc, notamment au sud du pays.
En cette fin d’année 1912, le prétendant El Hiba vient d’entrer dans Marrakech et s’empresse de prendre des français en otage.
S’étant assuré d’une alliance préalable avec le Glaoui, Lyautey envoie le colonel Mangin affronter les 10 000 guerriers d’El Hiba.
Avec l’aide de l’artillerie, il parvient à mettre ses ennemis en déroute avant de faire son entrée triomphale dans Marrakech et de goûter aux délices de ses palais et de ses jardins.
[...]
Le Maroc peut se souvenir de Lyautey, tout comme Lyautey s'est toujours souvenu du Maroc.
Si bien qu'avant de mourir dans sa Lorraine natale en 1934, le vieil homme a tout de même émis le vœu d'être inhumé au Maroc.
Ce sera chose faite jusqu’à ce que ses cendres soient rapatriées en 1961 aux Invalides où un magnifique tombeau l’attendait.
D’une part, on peut lire sur ce tombeau, gravée en lettres d’or, la devise du maréchal :
"Être de ceux auxquels les hommes croient,
dans les yeux desquels des milliers d'yeux cherchent,
l'ordre à la voix desquels des routes s'ouvrent, des pays se peuplent, des villes surgissent."
Mais si on se tourne vers l’autre face de ce tombeau, on peut lire en arabe :
"Plus je vis au Maroc, plus je suis persuadé de la grandeur de ce pays."
Voilà un nouveau Devoir de Mémoire réalisé selon les vœux du général de corps d’armée Philippe BONNET, président de la FNAOM-ACTDM, dans son éditorial de l’Ancre d’Or-Bazeilles N° 440 de début d’année 2021.