Louis Sarrat - Journal d'un marsouin au Tonkin 1883 - 1886
Sarrat Louis Augustin fut soldat de 2ème classe au 2ème Régiment d'Infanterie de Marine à Brest, N° matricule B 17284, classe 1881. Numéro du tirage ausort 10, numéro de recrutement 390 de la subdivision de Montargis (Loiret).
Le « marsouin » Louis Sarrat, soldat du 2e Régiment d'Infanterie de Marine, participe en tant qu'appelé à la campagne du Tonkin entre 1883 et 1886. Pendant quelques mois, ses proches, qui avaient reçu son avis de décès, le croient mort. Et puis un jour, alors qu'on ne l'attend plus, il réapparaît à Orléans avec, sous le bras, son journal de campagne tenu pratiquement au jour le jour.
Sous la plume apparemment neutre de ce garçon intelligent et méthodique, renaissent les paysages, les visages et les coutumes d'un pays inconnu des Français de l'époque. On découvre aussi la rude condition des soldats engagés dans une guerre coloniale, dépassés par ses enjeux, mais toujours animés par un patriotisme farouche.
Les petites histoires deviennent l'Histoire, le quotidien du fantassin celui d'une armée glorieuse soutenue par la nation tout entière. A son insu, Louis Sarrat se transforme en historien, en reporter et souvent, en témoin engagé. Les anecdotes fourmillent : la noyade accidentelle de l'un de ses camarades dans le Fleuve Rouge, la prise d'Hanoï, les luttes contre les Pavillons Noirs avec l'aide des Drapeaux Jaunes, l'artisan annamite installé dehors et qui fabrique des jouets à la demande, la première réception d'Européens par un roi d'Annam, sans oublier une foule de considérations ethniques, culturelles, voire même botaniques, qui donnent au texte une dimension encore plus réaliste. Le journal s'achève sur une sorte de clin d'oeil, « Le récit anecdotique du petit marsouin », écrit en vers et qui résume l'ensemble.
Un jour de 1986, un petit neveu de Louis Sarrat, soucieux de ressusciter cet épisode de l'histoire familiale, ressort le précieux cahier du grenier dans lequel il dormait depuis près d'un siècle. Du même coup, il fait revivre les destins de grandes figures militaires, comme le général Brière de l'Isle ou l'amiral Courbet, mais aussi ceux, plus modestes, des hommes de troupe.
Un document haut en couleurs, témoin d'un pays et d'une époque à jamais disparus.
Louis Sarrat, né le 23 mai 1861 à Gien, est libéré de ses obligations militaires en mai 1886, après trois années de guerre coloniale au Tonkin. De retour en France, il entre aux Chemins de Fer de l'Etat où il reste jusqu'en 1921, date de sa retraite. Il fut décoré de la médaille du Tonkin, de la Croix du Combattant et de la médaille d'argent du ministère des Travaux Publics.